Le Réveil en Corrèze
L’histoire du Réveil en Corrèze commence par une lettre adressée par les mères de famille du village de Madranges à l’autorité diocésaine le 16 Janvier 1898. En voici un extrait :
« Monseigneur,
Nous, mères de famille de Madranges, prenons la respectueuse liberté de venir vous exposer la triste situation dans laquelle nous nous trouvons : nos maris surexcités par la mauvaise foi de la Municipalité et de M. le curé de Lonzac, nous empêchent de pratiquer nos devoirs religieux, en même temps qu’ils les oublient eux-mêmes. Nous reconnaissons qu’ils n’ont pas tout à fait tort. En effet comment tiendraient-ils à la religion d’un homme qui fait tout ce qu’il peut pour la faire détester. Monsieur le curé de Lonzac a fait tout son possible pour supprimer notre église…Nos maris ne veulent plus que nos enfants aillent au catéchisme de Lonzac… ».
Le curé de Lonzac avait jugé bon de ne plus servir la messe au village de Madranges contraignant ses habitants à se rendre à l’office à Lonzac distant de six kilomètres et obligeant leurs enfants à se rendre au catéchisme dans ce village à une heure très matinale et par tous les temps ! Des enfants étaient nés qui n’avaient pas été baptisés, quelques uns étaient morts sans les sacrements de l’église, les enterrements, les offices et l’instruction religieuse étaient dits par le vieux sacristain M. Dupuy qui trente ans durant, avait servi la messe …La suite de la lettre ne fait aucun doute sur la piété de ses mères de famille, ferventes catholiques, qui après dix huit mois de complet abandon par l’évêché de Tulle écrivirent le 4 août 1898 au pasteur Hirsch, ancien agent de la société évangélique de Guéret, en ces mots :
« Monsieur le Pasteur,
Les soussignés ont l’honneur de vous informer que, dans la commune de Lonzac, arrondissement de Tulle, il existe une scission peu ordinaire : la population de Madranges, environ mille habitants, est complètement délaissée, soit au point de vue civil, soit au point de vue religieux. En face de cet abandon, qui dénote un mauvais vouloir évident, la population a témoigné le désir d’avoir un culte qui l’empêche de revenir à l’état primitif, et qu’elle en appelle à votre bonté pour quelques conférences qui auront certainement du succès. Nous serons tous vos auditeurs si vous voulez nous donner un jour pour votre arrivée. Instruisez-nous Monsieur le Pasteur de ce qu’il y a à faire et nous le ferons ; nous serons, du reste, tous à votre disposition ; vous devez intervenir si possible avant la date du 24 août, qui est le jour du patron de la section. Nous irons si vous nous visitez, vous prendre au lieu qui vous plaira… ».
Le Pasteur Hirsch en informa le directeur de la Société évangélique qui s’empressa de leur répondre qu’il ferait tout son possible pour les satisfaire et demanda à M. Fallourd, agent de la Société de Brive, « de voler au secours de ces nouveaux Macédoniens. »… (À suivre).